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iv
préface

ouvrage son collaborateur occasionnel avait durant bien des mois remarqué sur son bureau un dossier qui dormait, avec, en gros caractères, un seul nom pour titre sur la couverture : Julien.

C’était l’ébauche ou tout au moins le premier projet du Rouge et Noir.

Dans une note liminaire qui figurait sur la première édition et qu’à l’encontre de ce qu’ont fait presque tous les éditeurs, j’ai cru devoir rétablir dans celle-ci, Stendhal affirme que cet ouvrage fut écrit en 1827 et qu’il ne contient aucune allusion politique aux événements de 1830. Simple précaution d’un esprit prudent et qui ne trompera personne. À la page suivante du reste l’auteur donne pour sous-titre à son livre : « Chronique de 1830 », et contrairement à son allégation de nombreuses allusions à des faits immédiatement contemporains militent en faveur de cette dernière date. Aussi bien le fait-divers qui, comme nous allons le voir, servira de support à l’œuvre d’Henri Beyle ne dut lui être connu avec quelques détails que par la lecture de la Gazette des Tribunaux dont il était friand et qui le relatait dans ses numéros des 28, 29, 30 et 31 décembre 1827. Peut-être même le romancier ne lut-il ces numéros qu’avec quelques mois de retard et il n’est pas impossible, si l’on en croit une note écrite de sa main sur un exemplaire des Promenades