Page:Stendhal - Le Rouge et le Noir, I, 1927, éd. Martineau.djvu/233

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même ; peut-être ce sacrifice apaisera le Seigneur.

Si M. de Rênal eût été un homme d’imagination, il savait tout.

— Idées romanesques, s’écria-t-il en éloignant sa femme qui cherchait à embrasser ses genoux. Idées romanesques que tout cela ! Julien, faites appeler le médecin à la pointe du jour.

Et il retourna se coucher. Madame de Rênal tomba à genoux, à demi évanouie, en repoussant avec un mouvement convulsif Julien qui voulait la secourir.

Julien resta étonné.

Voilà donc l’adultère ! se dit-il… Serait-il possible que ces prêtres si fourbes… eussent raison ? Eux qui commettent tant de péchés auraient le privilège de connaître la vraie théorie du péché ? Quelle bizarrerie !…

Depuis vingt minutes que M. de Rênal s’était retiré, Julien voyait la femme qu’il aimait, la tête appuyée sur le petit lit de l’enfant, immobile et presque sans connaissance. Voilà une femme d’un génie supérieur réduite au comble du malheur, parce qu’elle m’a connu, se dit-il.

Les heures avancent rapidement. Que puis-je pour elle ? Il faut se décider. Il ne s’agit plus de moi ici. Que m’importent les hommes et leurs plates simagrées ?