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Page:Stendhal - Le Rouge et le Noir, I, 1927, éd. Martineau.djvu/243

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CHAPITRE XX

les lettres anonymes

Do not give dalliance
Too much the rein : the strongest oaths are straw
To the fire i’ the blood.

Tempest.


Comme on quittait le salon sur le minuit, Julien eut le temps de dire à son amie :

— Ne nous voyons pas ce soir, votre mari a des soupçons ; je jurerais que cette grande lettre qu’il lisait en soupirant est une lettre anonyme.

Par bonheur, Julien se fermait à clef dans sa chambre. Madame de Rênal eut la folle idée que cet avertissement n’était qu’un prétexte pour ne pas la voir. Elle perdit la tête absolument, et à l’heure ordinaire vint à sa porte. Julien qui entendit du bruit dans le corridor souffla sa lampe à l’instant. On faisait des efforts pour ouvrir sa porte ; était-ce madame de Rênal, était-ce un mari jaloux ?

Le lendemain de fort bonne heure, la cuisinière, qui protégeait Julien, lui apporta