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m’aime-t-elle ?

entendu le duc de Chaulnes parler ainsi de moi. À ce souvenir la colère remplaçait tout autre sentiment. Est-ce amour du vieux langage chez ce duc maniaque ?

Eh bien, elle est jolie ! continuait Julien avec des regards de tigre. Je l’aurai, je m’en irai ensuite, et malheur à qui me troublera dans ma fuite !

Cette idée devint l’unique affaire de Julien ; il ne pouvait plus penser à rien autre chose. Ses journées passaient comme des heures.

À chaque instant, cherchant à s’occuper de quelque affaire sérieuse, sa pensée abandonnait tout, et il se réveillait un quart d’heure après, le cœur palpitant, la tête troublée, et rêvant à cette idée : M’aime-t-elle ?