des souvenirs trop séduisants commençaient à envahir toute son imagination. Il n’eut pas le génie de voir que par ses grandes courses à cheval dans les bois des environs de Paris, n’agissant que sur lui-même et nullement sur le cœur ou sur l’esprit de Mathilde, il laissait au hasard la disposition de son sort.
Il lui semblait qu’une chose apporterait à sa douleur un soulagement infini : ce serait de parler à Mathilde. Mais cependant qu’oserait-il lui dire ?
C’est à quoi un matin à sept heures il rêvait profondément, lorsque tout à coup il la vit entrer dans la bibliothèque.
— Je sais, monsieur, que vous désirez me parler.
— Grand Dieu ! qui vous l’a dit ?
— Je le sais, que vous importe ? Si vous manquez d’honneur, vous pouvez me perdre, ou du moins le tenter ; mais ce danger, que je ne crois pas réel, ne m’empêchera certainement pas d’être sincère. Je ne vous aime plus, monsieur, mon imagination folle m’a trompée…
À ce coup terrible, éperdu d’amour et de malheur, Julien essaya de se justifier. Rien de plus absurde. Se justifie-t-on de déplaire ? Mais la raison n’avait plus aucun empire sur ses actions. Un instinct aveugle le poussait à retarder la décision