Page:Stendhal - Le Rouge et le Noir, II, 1927, éd. Martineau.djvu/283

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
282
le rouge et le noir

Quand les domestiques à demi endormis eurent terminé le renouvellement des bougies :

— Délibérons enfin, Messieurs, dit le président, n’essayons plus de nous persuader les uns les autres. Songeons à la teneur de la note qui dans quarante-huit heures sera sous les yeux de nos amis du dehors. On a parlé des ministres. Nous pouvons le dire maintenant que M. de Nerval nous a quittés, que nous importent les ministres ? nous les ferons vouloir.

Le cardinal approuva par un sourire fin.

— Rien de plus facile, ce me semble, que de résumer notre position, dit le jeune évêque d’Agde avec le feu concentré et contraint du fanatisme le plus exalté. Jusque-là il avait gardé le silence ; son œil que Julien avait observé, d’abord doux et calme, s’était enflammé après la première heure de discussion. Maintenant son âme débordait comme la lave du Vésuve.

— De 1806 à 1814, l’Angleterre n’a eu qu’un tort, dit-il, c’est de ne pas agir directement et personnellement sur Napoléon. Dès que cet homme eut fait des ducs et des chambellans, dès qu’il eut rétabli le trône, la mission que Dieu lui avait confiée était finie ; il n’était plus bon qu’à immoler. Les saintes Écritures nous enseignent en plus d’un endroit la manière