Page:Stendhal - Le Rouge et le Noir, II, 1927, éd. Martineau.djvu/330

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
329
la légèreté du siècle

le jeune Russe parlait de Londres et de Richmond. Julien fut bien étonné de trouver cette lettre presque tendre.

C’était le contraste de l’apparente légèreté de ses propos, avec la profondeur sublime et presque apocalyptique de ses lettres qui l’avait fait distinguer. La longueur des phrases plaisait surtout à la maréchale ; ce n’est pas là ce style sautillant mis à la mode par Voltaire, cet homme si immoral ! Quoique notre héros fît tout au monde pour bannir toute espèce de bon sens de sa conversation, elle avait encore une couleur antimonarchique et impie qui n’échappait pas à madame de Fervaques. Environnée de personnages éminemment moraux, mais qui souvent n’avaient pas une idée par soirée, cette dame était profondément frappée de tout ce qui ressemblait à une nouveauté ; mais en même temps, elle croyait se devoir à elle-même d’en être offensée. Elle appelait ce défaut, garder l’empreinte de la légèreté du siècle

Mais de tels salons ne sont bons à voir que quand on sollicite. Tout l’ennui de cette vie sans intérêt que menait Julien est sans doute partagé par le lecteur. Ce sont là les landes de notre voyage.

Pendant tout le temps usurpé dans la vie de Julien par l’épisode Fervaques, mademoiselle de La Mole avait besoin de