préfet passe ses soirées ? Chez une épicière, madame Berchu, et le salon est dans l’arrière-boutique. Voilà ce qu’il n’écrit pas au ministre. Moi, j’ai plus de dignité, je ne parais nulle part et vais me coucher à huit heures.
— Que font vos officiers le soir ?
— Le café et les demoiselles, pas la moindre bourgeoise ; nous vivons ici comme des réprouvés. Ces diables de maris bourgeois font la police les uns pour les autres, et cela sous prétexte de libéralisme ; il n’y a d’heureux que les artilleurs et les officiers du génie.
— À propos, comment pensent-ils ici ?
— De fichus républicains, des idéologues, quoi ! Le capitaine pourra vous dire qu’ils sont abonnés au National, au Charivari, à tous les mauvais journaux, et qu’ils se moquent ouvertement de mes ordres du jour sur les feuilles publiques. Ils les font venir sous le nom d’un bourgeois de Darney, bourg à six lieues d’ici. Je ne voudrais pas jurer que dans leurs parties de chasse ils n’aient des rendez-vous avec Gauthier.
— Quel est cet homme ?
— Le chef des républicains, dont je vous ai déjà parlé ; le principal rédacteur de leur journal incendiaire qui s’appelle l’Aurore, et dont la principale affaire est de déverser le ridicule sur moi. L’an passé,