Page:Stendhal - Lucien Leuwen, I, 1929, éd. Martineau.djvu/145

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

guerre et cheval, les deux seules choses, avec la peinture à l’aquarelle, sur lesquelles la province permette à un bon gentilhomme d’avoir quelque instruction ; le soir, ils eurent la volonté de voir de près et de critiquer à fond un officier de la nouvelle armée.

— Le cheval de ce pauvre préfet doit être bien étonné de se sentir mené avec hardiesse, dit M. d’Antin, l’ami de madame d’Hocquincourt.

— Ce petit monsieur n’est pas ancien à cheval, quoiqu’il monte bien, dit M. de Vassigny. C’était un fort bel homme de quarante ans, qui avait de grands traits et l’air de mourir d’ennui, même quand il plaisantait.

— C’est apparemment un de ces garçons tapissiers ou fabricants de chandelles qui s’intitulent héros de Juillet, dit M. de Goëllo, grand jeune homme blond, sec et pincé, et déjà couvert des rides de l’envie.

— Que vous êtes arriéré, mon pauvre Goëllo ! dit madame de Puylaurens, l’esprit du pays. Les pauvres Juillets ne sont plus à la mode depuis longtemps ; ce sera le fils de quelque député ventru et vendu.

— D’un de ces éloquents personnages qui, placés en droite ligne derrière le dos des ministres, crient chut ou éclatent de rire à propos d’un amendement sur les