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Page:Stendhal - Lucien Leuwen, I, 1929, éd. Martineau.djvu/151

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matin, » se dit-il un peu désappointé. Et il força son cheval, fort animé en ce moment, à s’éloigner au plus petit pas.

— Le fat ! dit Ludwig Roller en quittant la fenêtre de colère ; ce sera quelque écuyer de la troupe de Franconi, que Juillet aura transformé en héros.

— Mais est-ce bien l’uniforme du 27e qu’il porte là ? dit Sanréal d’un air capable. Le 27e doit avoir un autre passe-poil.

À ce mot intéressant et savant, tout le monde parla à la fois ; la discussion sur le passe-poil dura une grande demi-heure. Chacun de ces messieurs voulut montrer cette partie de la science militaire qui se rapproche infiniment de l’art du tailleur, et qui faisait jadis les délices d’un grand roi, notre contemporain.

Du passe-poil on avait passé au principe monarchique, et les femmes s’ennuyaient, quand M. de Sanréal, qui avait disparu un instant, revint tout haletant.

— Je sais du nouveau ! s’écria-t-il de la porte, pouvant à peine respirer. À l’instant, le principe monarchique se vit misérablement abandonné ; mais Sanréal devint muet tout à coup ; il avait découvert de la curiosité dans les yeux de madame d’Hocquincourt, et ce ne fut que mot par mot, pour ainsi dire, que l’on eut son histoire. Le valet d’écurie du préfet avait été