l’affaire ! » Il eut l’idée de se tuer, mais, quand il vint à penser aux moyens, cette idée lui fit horreur. Quand la nuit fut venue, notre homme, mourant de faim, songea que peut-être le mulet de quelque cantinière avait été blessé ou tué, en ce cas les paniers qu’il portait seraient restés sur le champ de bataille ; il y revint à pas de loup et non sans peur. À tous les instants, il faisait de longues haltes ; il se couchait et plaçait l’oreille contre terre ; il n’entendait aucun autre bruit que celui du petit vent de la nuit, qui agitait les broussailles de.....[1] et les petits lièges.
Enfin il arriva, et, à son grand étonnement, il vit que cette grande affaire, après une fusillade de six heures, n’avait laissé sur le champ de bataille que deux morts. « Je suis donc un grand misérable, se dit-il, d’avoir eu une telle peur pour si peu de péril. » Il était au désespoir, quand il trouva une outre à demi pleine, et plus loin un pain tout entier. Par prudence, il alla souper à deux cents pas du champ de bataille ; ensuite il revint, toujours prêtant l’oreille.
Un des morts était un jeune Français nommé Ménuel, qui avait un portefeuille plein de lettres et renfermant un beau
- ↑ En blanc dans le manuscrit. N. D. L. É.