Page:Stendhal - Lucien Leuwen, I, 1929, éd. Martineau.djvu/23

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malheureusement combien mon père me hait. Interroge-le, interroge tout le monde. Et écris-moi. Quand tes lettres montreront la conviction (et tu sais que je suis bon juge), alors tu reviendras, mais seulement alors. Je saurai fort bien distinguer la philosophie d’un homme de bon sens qui pardonne une erreur antérieure à son bail, ou l’impatience de l’amour que tu as naturellement pour moi, de la conviction sincère de ce cœur que j’adore. » Leuwen revint au bout de huit jours. — Fin du roman. »

Le jour où Stendhal décide de ne pas traiter la troisième partie projetée, il s’aperçoit d’une conséquence imprévue de sa décision : son roman est terminé. Entendons-nous : ce n’est point encore une œuvre achevée et mise au point, l’auteur s’en rend compte mieux que personne. Toutefois les épisodes centraux sont traités, les grandes masses sont en place. Depuis le jour où il en a noirci le premier feuillet Stendhal a donné tous ses loisirs à son livre. À peine s’en est-il laissé distraire de temps en temps par sa besogne administrative lorsque quelque anicroche exigeait sa présence à Civita-Vecchia, comme pour le naufrage de l’Henri IV en décembre 1834, ou bien