Page:Stendhal - Lucien Leuwen, I, 1929, éd. Martineau.djvu/269

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été son premier mot sur lui), elle déclara qu’il avait des manières fort distinguées.

— Quel est donc son nom exactement ? dit-elle à madame de Commercy. Elle parut horriblement peinée quand la réponse lui donna la fatale certitude que ce nom était bourgeois.

— Pourquoi n’a-t-il pas pris le nom du village où il est né en guise de nom de terre, comme font tous ses pareils ? C’est une attention qu’ils doivent avoir, s’ils veulent être soufferts dans la bonne compagnie.

L’excellente Théodelinde de Serpierre, à laquelle ce dernier mot était adressé, souffrait, depuis le commencement du dîner, de l’embarras qu’éprouvait Lucien, qui ne pouvait se servir de son bras droit.

Une dame considérable étant entrée, madame de Serpierre dit à Lucien qu’elle allait le présenter, et, sans attendre sa réponse, elle se mit à lui expliquer l’antiquité de la maison de Furonière, à laquelle appartenait cette dame, qui entendait très bien tout ce qu’on disait d’elle.

« Ceci est bouffon, se dit Lucien, et adressé à moi, qui évidemment ne suis pas noble, qu’on voit pour la première fois et pour lequel on veut être obligeant ! À Paris, nous appellerions cela une mala-