Page:Stendhal - Lucien Leuwen, I, 1929, éd. Martineau.djvu/29

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D’où cette masse de remarques et d’indications qui encombrent toutes les marges de son texte.

Dans sa première rédaction il était allé au plus pressé, traçant en quelque sorte un dessin rapide à peine rehaussé çà et là de couleurs vives, alors, a-t-il depuis fait, observer, « tous les clairs et toutes les ombres étaient forcés ; je peignais sur un fond blanc. Maintenant que le fond est fait, le même effet est produit par les plus légères nuances ». Stendhal use encore fréquemment d’une autre comparaison : il construit d’abord l’ossature sur laquelle viendra s’attacher la chair et que la peau recouvrira en dernier lieu ; « le rire naîtra sur l’extrême épiderme ». D’autres fois c’est à la musique qu’il empruntera ses images : « Dans l’embryon, la colonne vertébrale se forme d’abord, le reste s’établit sur cette colonne. De même ici : d’abord l’intrigue d’amour, puis les ridicules qui viennent encombrer l’amour, retarder ses jouissances, comme dans une symphonie Haydn retarde la conclusion de la phrase. »

Toujours il insiste sur sa technique propre : il part du centre et se dirige à travers mille difficultés et par retouches successives vers la périphérie. Il ne perd jamais de vue le procédé tout différent dont, affirme-t-il, il usait en écrivant le Rouge et le Noir,