Page:Stendhal - Lucien Leuwen, I, 1929, éd. Martineau.djvu/315

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On parla du caractère excessivement impérieux de M. de Pontlevé. Lucien attendait toujours un mot sur M. de Busant. « Mais je suis bien distrait, se dit-il enfin ; est-ce que des jeunes filles peuvent s’apercevoir de ces choses-là ? »

Un jeune homme blond, à l’air fade, entra dans le salon.

— Tenez, dit alors Théodelinde, voici probablement l’homme qui ennuie le plus madame de Chasteller ; c’est M. de Blancet, son cousin, qui l’aime depuis quinze ou vingt ans, qui parle souvent et avec attendrissement de cet amour né dans l’enfance, amour qui a redoublé depuis que madame de Chasteller est une veuve fort riche. Les prétentions de M. de Blancet sont protégées par M. de Pontlevé, dont il est le très humble serviteur, et qui le fait dîner trois fois la semaine avec la chère cousine.

— Et pourtant, mon père prétend, dit l’amie de mademoiselle Théodelinde, que M. de Pontlevé ne redoute qu’une chose au monde, c’est le mariage de sa fille. Il se sert de M. de Blancet pour éloigner les autres prétendants ; mais lui-même ne se verra jamais possesseur de cette belle fortune, dont M. de Pontlevé se réserve l’administration ; c’est pour cela qu’il ne veut pas qu’elle retourne à Paris.

M. de Pontlevé a fait une scène