Page:Stendhal - Lucien Leuwen, I, 1929, éd. Martineau.djvu/329

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verrait à Paris ! Que diraient les mânes de M. de Chasteller ? Ah ! si nous quittons nos pénates, ce n’est pas de ce côté qu’il faut tourner la tête des chevaux. Soignez votre vieux père à Nancy, ou, si nous pouvons mettre un pied devant l’autre, volons à Prague, » etc.

M. de Pontlevé avait ce parler long et figuré des gens diserts du temps de Louis XVI, qui passait alors pour de l’esprit.

Madame de Chasteller avait dû renoncer à l’idée de Paris. Au seul mot de Paris, son père lui parlait avec aigreur et lui faisait une scène. Mais, par compensation, madame de Chasteller avait de beaux chevaux, une jolie calèche et des gens tenus avec élégance. Tout cela paraissait moins dans Nancy que sur les grandes routes du voisinage. Madame de Chasteller allait voir, le plus souvent qu’elle le pouvait, une amie du Sacré-Cœur, madame de Constantin, qui habitait une petite ville à quelques lieues de Nancy ; mais M. de Pontlevé en était mortellement jaloux, et avait tout fait pour les brouiller.

Deux ou trois fois, dans ses grandes promenades, Lucien avait rencontré la calèche de madame de Chasteller à plusieurs lieues de Nancy.

Le jour d’une de ces rencontres, sur le