Page:Stendhal - Lucien Leuwen, I, 1929, éd. Martineau.djvu/351

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coquetterie que le vulgaire croit inhérente au caractère de toutes les femmes.

Comme Lucien ramenait mademoiselle Théodelinde à sa mère :

— Que veut dire cette petite robe blanche de mousseline ? disait tout haut madame de Serpierre. Est-ce ainsi qu’on se présente un jour tel que celui-ci ? Elle est veuve d’un officier général attaché à la propre personne du roi ; elle jouit d’une fortune triplée et quadruplée par la bienveillance de nos Bourbons. Madame de Chasteller eût dû comprendre que venir chez madame de Marcilly le jour de la fête de notre adorable princesse, c’est se présenter aux Tuileries. Que diront les républicains en nous voyant traiter avec légèreté les choses les plus sacrées ? Et n’est-ce pas quand le flot de tout le vulgaire d’une nation vient attaquer les choses saintes que chaque être, selon sa position, doit avoir du courage et faire strictement son devoir ? Et elle encore, ajoutait-elle, fille unique de M. de Pontlevé, qui, à tort ou à raison, se voit à la tête de la noblesse de la province, ou, du moins, nous donne des instructions comme commissaire du roi ! Cette petite tête n’a rien entrevu de tout cela !

Madame de Serpierre avait raison ; madame de Chasteller était blâmable ;