Page:Stendhal - Lucien Leuwen, I, 1929, éd. Martineau.djvu/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’eût pas fait toutes les corrections qu’il souhaitait puisque ce roman ne nous a été connu avec tous ces détails qu’avec un retard de près de cent ans.

Mieux qu’aucun censeur Beyle se rendait compte de tout ce qu’il y avait à reprendre dans son manuscrit. Sa clairvoyance en voyait nettement les défauts et souvent il se moquait sans pitié de lui-même quand il relevait quelque bévue échappée à sa plume. Un jour, à la suite d’un développement particulièrement long il se prend à se railler : « Le 21 février, Dominique est disert, il a a great command (une grande facilité) de parole. » Une autre fois il relit l’entrevue de madame de Chasteller et de madame de Constantin et il note les rires de cette dernière : 2 rires, 3 rires, 4 rires, écrit-il en surcharge des passages incriminés et il projette de retoucher à la fois la scène et le caractère du personnage.

Il ajoute ainsi une foule de remarques sur son texte, de réflexions piquantes sur les situations, de jugements sur les personnages ou sur lui-même. J’ai gardé dans cette édition une grande partie de ces notes qui révèlent ce qu’il pensait de son travail et dans quel sens il se proposait de l’amender,