Page:Stendhal - Lucien Leuwen, I, 1929, éd. Martineau.djvu/410

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Pendant les dernières de ces visites, Leuwen, sûr de ne pas rencontrer madame de Chasteller, qui était indisposée chez elle, pensait à la douceur de voir de loin son petit rideau de mousseline brodé éclairé par la lumière de ses bougies.

« Je suis un lâche, se dit-il enfin. Eh ! bien, je me livrerai de bon cœur à ma lâcheté. »

_______________________Si vous vous damnez,
Damnez-vous [donc] au moins pour des péchés aimables[1].

Ce furent presque là les derniers soupirs de son remords d’aimer et de son amour pour cette pauvre patrie trahie, vendue, etc. On ne peut pas avoir deux amours à la fois.

« Je suis un lâche, » se dit-il en sortant du salon de madame d’Hocquincourt. Et comme à Nancy à dix heures et demie on éteint les réverbères par ordre de M. le maire et qu’à l’exception de la noblesse tout le monde va se coucher, sans être trop ridicule à ses propres yeux il put se promener une grande heure sous les persiennes vertes, quoique presque à son arrivée les lumières de la petite chambre

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