Page:Stendhal - Lucien Leuwen, I, 1929, éd. Martineau.djvu/54

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Je viens de dire que sur l’indication de Beyle le nom de Montvallier a partout été effacé pour y substituer Nancy. Mais le romancier connaissait assez peu cette dernière ville où il n’avait passé que deux heures. Aussi la description qu’il en donne est-elle toute de fantaisie. On n’y saurait pas davantage reconnaître Grenoble. Seule la société qui l’habite est peinte d’après les propres souvenirs de l’auteur, rafraîchis par ceux de son compatriote Rubichon après leurs conversations de quelques jours à Civita-Vecchia. Sa ville natale, qu’il afficha toujours de peu aimer, avait laissé sur Beyle une empreinte ineffaçable, et une quantité des noms du roman : Champagnier, Risset, Furonière, Allevard, Bron, Meylan sont empruntés à de petits villages des environs de Grenoble.

On voit dans la seconde partie de ce roman Lucien Leuwen remplir des missions politiques à Champagnier (Cher) et à Caen. Le manuscrit au sujet de ces deux localités porte encore des indications fort contradictoires. Beyle n’avait d’abord choisi pour tous les noms de lieux de son roman que des noms imaginaires, puis, afin que le lecteur puisse mieux situer l’action, il a songé à des villes réelles. Nancy fut alors préféré à