Page:Stendhal - Lucien Leuwen, II, 1929, éd. Martineau.djvu/133

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m’écoute, et de ce que je rencontre ailleurs ! Et ces bras potelés qui brillent sous cette gaze si transparente ! ces jolies épaules dont la molle blancheur flatte l’œil ! Rien de tout cela auprès de l’autre ! Un air hautain, un regard sévère et une robe qui monte jusqu’au cou. Plus que tout cela, un penchant décidé pour les officiers d’un rang supérieur. Ici l’on me fait entendre, à moi non noble, et sous-lieutenant seulement, que je suis l’égal de tout le monde, au moins. »

La vanité blessée de Leuwen rendait bien vif, chez lui, le plaisir de réussir. MM. de Serpierre et de Vassignies, dans le feu de leur discussion, s’arrêtaient souvent à l’autre bout du salon. Leuwen sut profiter de ces instants de liberté complète, et on l’écoutait avec une admiration tendre[1].

Ces messieurs étaient à l’autre bout du salon depuis plusieurs minutes, arrêtés apparemment par quelque raisonnement frappant de M. de Vassignies en faveur des vastes terres et de la culture en grand, si favorables à la noblesse, quand arriva tout à coup, jusqu’à deux pas de madame d’Hocquincourt, madame de Chasteller, suivant de près, avec sa démarche jeune

  1. Cela fait-il entendre que Leuwen osait beaucoup ?