Page:Stendhal - Lucien Leuwen, II, 1929, éd. Martineau.djvu/218

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que M. Leuwen cherchât à voir encore une fois madame de Chasteller.

— Hélas ! monsieur le docteur, il y a quinze jours que M. Leuwen me tourmente pour le laisser venir ici pour cinq minutes. Mais que dirait le monde ? J’ai refusé absolument.

Le docteur répondit par une quantité de phrases arrangées de façon à ce que l’intelligence de la femme de chambre fût hors d’état de jamais les répéter, mais dans le fait ces phrases engageaient indirectement cette bonne fille à permettre l’entrevue demandée.

Enfin, il arriva qu’un soir M. de Pontlevé, d’après l’ordre du docteur, alla faire sa partie de whist chez madame de Marcilly, partie interrompue par deux ou trois accès de larmes. Justement, M. le vicomte de Blancet n’avait pu résister à une partie de chasse pour le passage des bécasses[1]. Leuwen vit à la fenêtre de mademoiselle Beaulieu le signal dont l’espérance donnait encore à la vie quelque intérêt pour lui. Leuwen vola chez lui, revint habillé en bourgeois, et enfin, annoncé avec des précautions infinies par la bonne femme de chambre, qui ne quitta pas le voisinage du lit, il put passer dix

  1. À vérifier. Les bécasses passent en octobre et novembre.