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CHAPITRE XXXVIII


« Je ne veux point abuser de mon titre de père pour vous contrarier ; soyez libre, mon fils. »

Ainsi, établi dans un fauteuil admirable, devant un bon feu, parlait d’un air riant M. Leuwen père, riche banquier déjà sur l’âge, à Lucien Leuwen, son fils et notre héros[1].

Le cabinet où avait lieu la conférence entre le père et le fils venait d’être arrangé avec le plus grand luxe sur les dessins de M. Leuwen lui-même. Il avait placé dans ce nouvel ameublement les trois ou quatre

  1. [ — Mon cher Lucien, j’ai chargé votre mère de vous gronder, s’il y a lieu. J’ai rempli les devoirs d’un bon père, je vous ai mis à même de recevoir deux coups d’épée. Vous connaissez la vie de régiment, vous connaissez la province, préférez-vous la vie de Paris ? Donnez vos ordres, mon prince. Il n’y a qu’une chose à laquelle on ne consentira pas : c’est le mariage.
        — Il n’en est pas question, mon père. »
    . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
        M. Leuwen père. Une autre fois :
        — « On voit trop d’âme à travers vos paroles. Vous ne manquez pas d’esprit, mais vous parlez trop de ce que vous sentez, trop. Cela attire trop les fourbes de toute espèce. Tâchez donc d’amuser en parlant aux autres de ce qui ne vous intéresse nullement. » ]