Page:Stendhal - Lucien Leuwen, II, 1929, éd. Martineau.djvu/243

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rons, enfin, parce qu’il ne voulut pas être assez coquin, et je l’approuvai fort : un autre fit l’affaire Frotté. Ah ! diable, mon jeune ami, comme disent les pères nobles, vous êtes étonné ?

On le serait à moins, répond souvent le jeune premier, dit Leuwen. Je croyais que les jésuites seuls et la Restauration…

— Ne croyez rien, mon ami, que ce que vous avez vu, et vous en serez plus sage. Maintenant, à cause de cette maudite liberté de la presse, dit M. Leuwen en riant, il n’y a plus moyen de traiter les gens à la Frotté. Les ombres les plus noires du tableau actuel ne sont plus fournies que par des pertes d’argent ou de place…

— Ou par quelques mois de prison préventive !

— Très bien. À ce soir réponse décisive, claire, nette, sans phrases sentimentales surtout. Demain, peut-être je ne pourrai plus rien pour mon fils. »

Ces mots furent dits d’une façon à la fois noble et sentimentale, comme eût fait Monvel, le grand acteur.

« À propos, dit M. Leuwen père en revenant, vous savez sans doute que sans votre père vous seriez à l’Abbaye. J’ai écrit au général D… ; j’ai dit que je vous avais envoyé un courrier parce que votre mère était fort malade. Je vais