Page:Stendhal - Lucien Leuwen, II, 1929, éd. Martineau.djvu/251

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quante ans les charlatans de toutes les sortes, ceux de l’Institut comme ceux de l’archevêché, proclameront qu’il a toutes les vertus ; par la suite, ils le porteront peut-être à être l’un des douze maires de Paris. Il finira par fonder un hôpital. Requiescat in pace. Colas vivait, Colas est mort. »

Lucien relisait chaque phrase de cette morale deux et même trois fois ; il en examinait le sens et la portée. Sa rêverie sombre fit lever le nez aux lecteurs du Journal du soir ; il s’en aperçut, paya avec humeur, sortit. Il se promenait sur la place Beauvau, devant le cabinet littéraire.

« Je serai un coquin », s’écria-t-il tout à coup. Il passa encore un quart d’heure à bien tâter son courage, puis appela un cabriolet et courut à l’Opéra.

— Je vous cherchais », lui dit son père qu’il trouva errant dans le foyer.

Ils montèrent rapidement dans la loge de M. Leuwen père, ils y trouvèrent trois demoiselles, et Raimonde en costume de sylphide.

« They can not understand. (Elles ne comprendront pas un mot à ce que nous dirons ; ainsi, ne nous gênons pas.)

— Messieurs, nous lisons dans vos yeux, dit mademoiselle Raimonde, des choses beaucoup trop sérieuses pour nous ;