Page:Stendhal - Lucien Leuwen, II, 1929, éd. Martineau.djvu/286

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n’est sacré aux yeux de cette femme-là !

— Jamais personne au monde n’eut l’esprit de madame de Constantin, dit M. de Sanréal, prenant la parole d’un air imposant, et si elle se moque des prétentions ridicules, à qui la faute ?

— Aux prétentions ! dit madame de Puylaurens, curieuse de voir ces deux êtres se gourmer.

— Oui, ajouta Sanréal d’un air pesant, aux prétentions, aux tyrannies.

Heureux d’avoir une idée, plus heureux d’être approuvé par madame de Puylaurens, ce qui ne lui était peut-être jamais arrivé, M. de Sanréal tint la parole pendant un gros quart d’heure, et retourna sa pauvre idée dans tous les sens.

— Il n’y a rien de plus plaisant, madame, dit tout bas madame de Constantin à madame de Puylaurens, qu’un homme sans esprit qui rencontre une idée ! Cela est scandaleux ! » Et le rire fou de ces deux dames fut pris pour une marque d’approbation par Sanréal. « Cet être aimable doit m’adorer. Madame de Constantin avait raison. »

Elle accepta deux ou trois dîners magnifiques qui réunirent toute la bonne compagnie de Nancy. Quand M. de Sanréal, faisant sa cour à madame de Constantin, ne trouvait rien absolument à dire,