Page:Stendhal - Lucien Leuwen, II, 1929, éd. Martineau.djvu/328

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M. Leuwen. Je t’aime encore mieux avec ta vertu. Je ne suis pas en peine de l’avancement d’Ernest, il aura bientôt pour 30.000 francs de places, comme le philosophe N…[1] Mais j’aimerais autant avoir pour fils M. de Talleyrand. »

Il y avait dans les bureaux du comte de Vaize un M. Desbacs, dont la position sociale avait quelques rapports avec celle de Lucien. Il avait de la fortune, M. de Vaize l’appelait son cousin, mais il n’avait pas un salon accrédité et un dîner renommé toutes les semaines pour le soutenir dans le monde. Il sentait vivement cette différence et résolut de s’accrocher à Lucien.

M. Desbacs avait le caractère de Blifil (de Tom Jones), et c’est ce qui malheureusement se lisait trop sur sa figure extrêmement pâle et fort marquée de la petite vérole. Cette figure n’avait guère d’autre expression que celle d’une politesse forcée ou d’une bonhomie qui rappelait celle de Tartufe. Des cheveux extrêmement noirs sur cette face blême fixaient trop les regards. Avec ce désavantage qui était grand, comme M. Desbacs disait toujours tout ce qui était convenable et jamais rien au-delà, il avait fait des progrès

  1. Cousin.