Page:Stendhal - Lucien Leuwen, II, 1929, éd. Martineau.djvu/381

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui ne trouvèrent pas d’inconvénient à un petit voyage à Strasbourg ; jamais Lucien n’eut le courage de prononcer le nom de Nancy.

— Pour que ton absence ne paraisse pas longue, tous les jours de soleil, vers les deux heures, j’irai voir ton ministre, dit M. Leuwen.

Lucien était encore à dix lieues de Nancy que son cœur battait à l’incommoder. Il ne respirait plus d’une façon naturelle. Comme il fallait entrer de nuit dans Nancy et n’être vu de personne, Lucien s’arrêta à un village situé à une lieue. Même à cette distance, il n’était pas maître de ses transports ; il n’entendait pas de loin une charrette sur les chemins, qu’il ne crût reconnaître le bruit de la voiture de madame de Chasteller…[1]


— … J’ai gagné bien de l’argent par ton télégraphe, dit M. Leuwen à son fils, et jamais ta présence n’eût été plus nécessaire.

Lucien trouva à dîner chez son père son ami Ernest Dévelroy. Il était fort

  1. La suite de cet épisode n’a jamais été décrite. Stendhal ne se sentait pas en forme. Il note au point où il s’arrête : « Le voyage à Nancy occupera le blanc de ce cahier. Tandis que je suis dans le sec, je fais madame Grandet. » Mais il ne prit jamais le temps d’y revenir. N. D. L. E.