Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/119

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pour accoutumer, dit-il, les fermiers à tenir des livres comme les commerçants, chose sans laquelle, dit-il, il n’y a point d’agriculture. Le fermier prouve à M. Mairobert que, ses enfants, sa femme et lui entretenus, il a gagné 500 francs cette année ; M. Mairobert lui remet une somme pareille de 500 francs, remboursable sans intérêts dans dix ans. À cent petits industriels peut-être il donne la moitié ou le tiers de leurs bénéfices. Comme conseiller de préfecture provisoire, il a mené la préfecture et a tout fait en 1814 pendant la présence des étrangers. Il a tenu tête à un colonel insolent et l’a chassé de la préfecture le pistolet à la main. Enfin, c’est un homme complet.

— M. de Séranville ne m’a pas dit le plus petit mot de tout cela.

Il parcourut encore quelques phrases du pamphlet.

— Grand Dieu ! ce pamphlet nous perd. Et les bras lui tombèrent. Vous avez bien raison, général, nous sommes au commencement d’une bataille qui peut devenir une déroute. Quoique M. Coffe et moi n’ayons pas l’honneur d’être connus de vous, nous vous demandons une confiance entière pendant les trois jours qui nous restent encore jusqu’au scrutin définitif, qui décidera entre M. Mairobert et le gouver-