Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/121

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d’après les ordres de M. l’évêque, qui lui-même s’entend avec le comité de Henri V.

Nous avons dans le département 33 ou 34 républicains décidés. S’il s’agissait de voter entre la monarchie et la république, nous aurions, sur 900 voix, 860 contre 40. Mais on voudrait que la Tribune n’en fût pas à son cent quatrième procès, et surtout que le gouvernement du roi n’humiliât pas la nation à l’égard des étrangers. De là les 500 voix qu’espèrent les partisans de M. Mairobert.

Je pensais, il y a deux mois, que M. Mairobert n’aurait pas plus de 350 à 380 voix inattaquables. Je supposais que dans sa tournée électorale M. le préfet gagnerait 100 voix indécises, surtout dans le canton de R…, qui a le plus pressant besoin d’une grande route débouchant à D… Le préfet n’a aucune influence personnelle. Il parle trop bien et manque de rondeur apparente ; il est incapable de séduire un Bas-Normand par une conversation d’une demi-heure. Il est terrible même avec ses commissaires de police, qui sont pourtant à plat ventre devant lui. L’un d’eux, un misérable digne [du bagne], où peut-être il a été, M. de Saint-…, s’est fâché il y a un mois, et, dans des termes que vous me dispen-