Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/131

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ne soit pas retardé au pont de ***. Mon courrier, en sortant de chez moi avec mes lettres, passera à la préfecture pour prendre les vôtres et galopera vers Paris.

« Je suis, etc.

« Leuwen. »

Leuwen fit approcher l’huissier qui, debout près de la porte, était pâle comme un mort. Il cacheta les deux lettres.

— Remettez ces deux lettres à M. le préfet.

— Est-ce que M. de Séranville est encore préfet ? dit l’huissier.

— Remettez ces lettres à M. le préfet.

Et Leuwen quitta la préfecture avec beaucoup de froideur et de dignité.

— Ma foi, vous avez agi comme un enfant, dit Coffe quand Leuwen lui raconta la menace d’arrêter le préfet.

— Je ne pense pas. D’abord, je n’étais pas précisément en colère, j’ai eu le temps de réfléchir un peu à ce que j’allais faire. S’il y a un moyen au monde d’empêcher l’élection de M. Mairobert, c’est le départ de M. de Séranville et son remplacement provisoire par un conseiller de préfecture. Le ministre m’a dit qu’il donnerait 500.000 francs pour n’avoir pas M. Mairobert vis-à-vis de lui à la Chambre. Pesez