Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/175

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Caen qu’à onze heures. Trente ministériels qui avaient déjeuné à la préfecture furent hués en entrant dans la salle des élections.

Un petit imprimé avait été distribué avec profusion aux électeurs.

« Honnêtes gens de tous les partis, qui voulez le bien du pays dans lequel vous êtes nés, éloignez M. le préfet de Séranville. Si M. Mairobert est élu député, M. le préfet sera destitué ou nommé ailleurs. Qu’importe, après tout, le député nommé ? Chassons un préfet tracassier et menteur. À qui n’a-t-il pas manqué de parole ? »

Vers midi, l’élection du président définitif prenait la plus mauvaise tournure. Tous les électeurs du canton de…, arrivés de bonne heure, votaient en faveur de M. Mairobert.

— Il est à craindre, s’il est président, dit le général à Leuwen, que quinze ou vingt de nos ministériels, gens timides, et que dix ou quinze électeurs de campagne imbéciles, le voyant placé au bureau dans la position la plus en vue, n’osent pas écrire un autre nom que le sien sur leur bulletin.

Tous les quarts d’heure, Leuwen envoyait Coffe regarder le télégraphe ; il grillait de voir arriver la réponse à sa dépêche n° 2.