Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/189

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Leuwen, qui se promenait hardiment partout, ne fut point insulté ce jour-là ; il remarqua que cette foule sentait sa force. À moins de la mitrailler à distance, aucune force ne pouvait agir sur elle.

« Voilà le peuple vraiment souverain », se dit-il.

Il revenait de temps à autre à l’appartement d’observation. L’avis du capitaine Ménière était que personne n’aurait la majorité ce jour-là.

À quatre heures, il arriva une dépêche télégraphique au préfet, qui lui ordonnait de porter ses votes au légitimiste désigné par le général Fari et par Leuwen. Le préfet ne fit rien dire au général ni à Leuwen. À quatre heures un quart, Leuwen eut une dépêche télégraphique dans le même sens. Sur quoi Coffe s’écria :

« Un peu moins de fortune, et plus tôt survenue[1]… »

Polyeucte.

Le général fut charmé de la citation et se la fit répéter.

À ce moment, ces messieurs furent étourdis par un vivat général et assourdissant.

« Est-ce joie ou révolte ? s’écria

  1. À son ordinaire Stendhal cite le vers de Corneille un peu inexactement. N. D. L. E.