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Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/202

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Leuwen lui raconta qu’il venait d’effacer son nom.

— Mon Dieu ! s’écria-t-elle, seriez-vous piqué ? Vous aurez la croix à la première occasion, je vous le promets.

Ce qui voulait dire : « Allez-vous nous quitter ? »

L’accent de ce mot toucha profondément Leuwen, il fut sur le point de lui baiser la main. Madame de Vaize était fort émue, lui était touché de reconnaissance.

Lucien n’avait vu que des figures haineuses dans sa mission, cette figure douce et si remplie d’amitié le toucha.

« Mais si je m’attachais à elle, que de dîners ennuyeux il faudrait supporter, et avec cette figure du mari de l’autre côté de la table et souvent ce petit coquin de Desbacs, son cousin ! »

Toutes ces réflexions ne prirent pas une demi-seconde.

— Je viens d’effacer mon nom, reprit Leuwen ; mais puisque vous daignez témoigner de l’intérêt pour mon avenir, je vous dirai la vraie raison, cause de mon refus. Ces listes de gratifications peuvent être imprimées un jour. Alors, elles donneront peut-être une célébrité fâcheuse, et je suis trop jeune pour m’exposer à ce danger. Et 8.000 francs n’est pas un objet pour moi.

— Oh ! mon Dieu, dit madame de