Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/226

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Et il se mit à griffonner sur une table ce que M. Leuwen venait d’ajouter. M. Leuwen, se voyant imprimé tout vif, lui dit trois ou quatre beaux sarcasmes sur M. le comte de Vaize qui lui étaient venus depuis la séance.

À dix heures, le sténographe du Moniteur vint apporter à M. Leuwen son discours à corriger.

— Nous faisions comme cela pour le général Foy.

Ce mot enchanta l’auteur.

« Cela me dispense de reparler demain », pensa-t-il ; et il ajouta à son discours cinq ou six phrases de bon sens profond, dessinant clairement l’opinion qu’il voulait faire prévaloir.

Ce qu’il y avait de plaisant, c’était l’enchantement des députés de sa réunion qui assistèrent à ce triomphe toute la soirée. Ils croyaient tous avoir parlé, ils lui fournissaient des raisonnements qu’il aurait pu faire valoir, et il admirait ces arguments avec sérieux.

— D’ici à un mois, monsieur votre fils sera commis à cheval, dit-il à l’oreille de l’un d’eux. Et le vôtre chef de bureau à la sous-préfecture, dit-il à un autre.

Le lendemain matin, Lucien faisait une drôle de mine dans son bureau, à vingt pas de la table où écrivait le comte de