Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/268

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sieur, à l’insu de mes ministres qui, je le crains, à l’exception du maréchal (le ministre de la Guerre) ne vous ont pas donné à vous et au lieutenant Leuwen, de grands sujets d’être contents d’eux. Demain aura lieu, selon toute apparence, le scrutin définitif sur la loi de…

Et je vous avouerai, monsieur, que je prends à cette loi un intérêt tout personnel. Je suis bien sûr qu’elle passera par assis et levés. N’est-ce pas votre avis ?

— Oui, sire.

— Mais au scrutin j’aurai un bel et bon rejet par huit ou dix boules noires. N’est-ce pas ?

— Oui, sire.

— Eh bien ! rendez-moi un service : parlez contre (vous le trouverez nécessaire à votre position), mais donnez-moi vos trente-cinq voix. C’est un service personnel que j’ai voulu vous demander moi-même.

— Sire, je n’ai que vingt-sept voix en ce moment, en comptant la mienne.

— Ces pauvres têtes (le roi parlait de ses ministres) se sont effrayées, ou plutôt piquées, parce que vous aviez donné une liste de huit petites places subalternes. Je n’ai pas besoin de vous dire que j’approuve d’avance cette liste, et je vous engage, puisque nous trouvons une bonne occasion, à y joindre quelque chose pour vous,