Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Pourrai-je emmener M. Coffe qui a du sang-froid pour deux ?

— Mais je resterai seul !

— Seul avec quatre cent cinquante commis ! Par exemple, M. Desbacs.

— C’est un petit coquin trop malléable qui trahira plus d’un ministre avant d’être conseiller d’État. Je voudrais tâcher de n’être pas un de ces ministres, c’est pourquoi je réclame votre concours malgré vos aspérités. Desbacs, c’est exactement votre opposé… Mais cependant, emmenez qui vous voudrez, même M. Coffe. Pas de Mairobert, à aucun prix. Je vous attends avant une heure et demie. Heureux temps que la jeunesse pour son activité[1].

Et Leuwen monta chez sa mère, On lui donna la calèche de voyage de la maison de banque, qui était toujours prête, et à trois heures du matin il était en route pour le département du Cher.

La voiture était encombrée de pamphlets électoraux. Il y en avait partout, et jusque sur l’impériale ; à peine y avait-il place pour Leuwen et Coffe. Ils arrivèrent à Blois à six heures du soir, et s’arrêtèrent pour dîner. Tout à coup, ils entendirent un grand vacarme devant l’auberge.

  1. Source de comique, cette absurdité : Lucien veut réunir les profits du ministériel et la sensibilité fine de l’homme d’honneur.