Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/59

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cette chambre de Sainte-Pélagie, grande à peu près comme cette calèche… Exposons-nous au coup de boutoir de la bête fauve. Il n’a pas été régulièrement poli avec moi dans le dialogue qui a précédé. Toutefois, subissons l’ennui de parler, et à un homme malheureux encore, et, qui pis est, à un beau fils de Paris malheureux par sa faute, malheureux avec de la santé, de l’argent et de la jeunesse à revendre. Quel sot ! Comme je le haïrais !… mais il m’a tiré de Sainte-Pélagie. À l’école, quel présomptueux, et surtout quel bavard : parler, parler, toujours parler !… Mais cependant, il faut l’avouer, et cela fait un fameux point pour lui, pas le moindre mot inconvenant quand il a eu le caprice de me tirer de Sainte-Pélagie… Oui, mais pour me faire apprenti bourreau… Le bourreau est plus estimable… C’est par pur enfantillage, par suite de leur sottise ordinaire, que les hommes l’ont pris en grippe. Il remplit un devoir… un devoir nécessaire… indispensable… Et nous ! nous qui sommes sur la route de tous les honneurs que peut distribuer la société, nous voilà en route pour faire une infamie… une infamie nuisible. Le peuple, qui se trompe si souvent, par hasard a eu toute raison cette fois. Dans cette brillante calèche anglaise si cossue, il découvre deux