Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/77

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jours plus tôt, nous eussions pu ménager trois ou quatre destitutions salutaires.

— Mais, monsieur, n’avez-vous pas écrit dans ce sens au ministre ? Il est, ce me semble, question de la destitution d’une directrice de la poste aux lettres ?

— Madame Durand, la belle-mère de M. Duchadeau ? Eh ! la pauvre femme ! Elle pense fort mal, il est vrai ; mais cette destitution, si elle arrive à temps, fera peur à deux ou trois fonctionnaires du canton de Tourville, dont l’un est son gendre, et les deux autres ses cousins. Mais ce n’est pas là que sont mes grands besoins ; c’est à Mélan, où, comme je viens d’avoir l’honneur de vous le montrer sur ma carte électorale, nous avons une majorité contre nous de vingt-sept voix au moins.

— Mais, monsieur, j’ai dans mon portefeuille les copies de vos lettres. Si je ne me trompe, vous n’avez pas parlé du canton de Mélan au ministre.

— Eh ! monsieur le maître des requêtes, comment voulez-vous que j’écrive de telles choses ? M. le comte d’Allevard, pair de France, ne voit-il pas votre ministre tous les jours ? Ses lettres à son homme d’affaires, le bonhomme Ruflé, notaire, ne sont remplies que des choses qu’il a entendu dire, la veille ou l’avant-veille, par Son