Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/79

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l’élection, tout est perdu. Car, messieurs, ce département est un des plus mauvais de France : vingt-sept abonnements au National, et huit à la Tribune ! Mais à vous, messieurs, qui avez l’oreille du ministre, je ne puis rien cacher. Or donc, il faut savoir que je ne lancerai ma manœuvre électorale, je ne mettrai le feu à la mine, que lorsque je verrai la nomination du président à demi décidée ; car si cela éclatait trop tôt, deux heures suffiraient pour tout perdre, messieurs : l’élection, comme la position de votre très humble serviteur. Nous posons donc que nous portons pour candidat du gouvernement M. Jean-Pierre Blondeau, maître de forges à Champagnier, que nous avons pour rival à chances probables, et malheureusement plus que probables, M. Malot, ex-chef de bataillon de l’ex-garde nationale de Champagnier. Je dis ex, quoiqu’elle ne soit que suspendue, mais il fera beau jour quand elle s’assemblera de nouveau. Donc, messieurs, M. Blondeau est ami du gouvernement, car il a une peur du diable d’une réduction du droit sur les fers étrangers. Malot est négociant drapier et en bois de construction et bois de chauffage ; il a de fortes rentrées à opérer à Nantes. Deux heures avant le dépouillement du scrutin pour la nomination du président, un courrier de