Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/96

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lui dicte mes dépêches ; il les retient à merveille, souvent corrige les répétitions et autres petites fautes dans lesquelles je puis tomber. J’ai tant d’affaires ! Vous ne connaissez pas la moitié de mes embarras.

Par de tels propos et d’autres encore plus ridicules, Leuwen et Coffe eurent toutes les peines du monde à renvoyer M. Riquebourg à sa préfecture.

Les deux amis rentrèrent à onze heures et firent une lettre de vingt lignes au ministre. Cette lettre, adressée à M. Leuwen père, fut jetée à la poste par Coffe.

Le préfet fut bien étonné quand, à onze heures trois quarts son huissier vint lui dire que M. le maître des requêtes n’avait pas remis de dépêches pour Paris. Cet étonnement redoubla quand le directeur des postes vint lui dire qu’aucune dépêche adressée au ministre n’avait été jetée à la poste. Ce fait plongea M. le préfet dans les plus graves soucis.

À sept heures, le lendemain matin, le préfet fit demander une audience à Leuwen pour lui présenter le travail des destitutions. M. de Riquebourg en demandait sept, Leuwen eut grand-peine à lui faire réduire ses demandes à quatre.

Pour la première fois le préfet, qui jusque-là avait été humble jusqu’à la servilité, voulut prendre un ton ferme et