juste-milieu, et auquel la révolution de Juillet a fait peur, me dit : « Pour peu qu’un curé ait le degré d’intelligence nécessaire pour comprendre un journal, il est sûr d’avoir quatre mille francs de rente à cinquante ans, ce qui est magnifique pour un paysan. »
Si nous avions encore la maladresse de nous livrer à des dissensions religieuses, il me semble que les curés de campagne seraient du parti du gouvernement qui les paye. Peu d’entre eux se soucieraient d’aller mendier en pays étranger ; nos prêtres émigrés parlaient latin, et l’élégance de leurs manières les faisait recevoir avec plaisir dans les villes étrangères.
« On sait qu’il n’y a qu’un curé par canton ; il a onze cents francs de fixe, et l’on peut évaluer le casuel à douze cents francs par millier d’âmes de population du chef-lieu. Sur ces douze cents francs, le curé consacre bien cent ou cent cinquante francs à l’aumône ; réduisons donc ces douze cents francs à mille ; le curé d’un bourg de quatre mille âmes a cinq mille francs d’appointements ; à la vérité, il doit nourrir ses vicaires ; mais les cadeaux qu’il reçoit en poulets, œufs, fruits, etc., équivalent et au delà à cette dépense.
« C’est, comme on voit, par politesse qu’on appelle curés les desservants des villages.
« Chaque département a un grand séminaire où l’on forme de jeunes prêtres ; rien de plus simple.
« Mais chaque département a aussi trois ou quatre petits séminaires dans lesquels on donne l’éducation à des jeunes gens qui ne seront pas prêtres[1]. »
— Ceci, ai-je dit, peut conduire à une nouvelle Vendée. Peu importent assurément les idées que l’on donne à ces jeunes gens
- ↑ Des états, probablement menteurs, disent que le 1er janvier 1837 il y avait dix mille cent six élèves dans les petits séminaires et huit mille trois cent quarante-huit dans les grands. Il y a eu mille six cent trente-trois ordinations en 1836.