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Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/108

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France, et celui-ci n’aura de valeur qu’en attendant mieux.

À tout prendre, je préfère le provincial ignorant des beautés de son pays au provincial enthousiaste. Quand un habitant d’Avignon nie vante la fontaine de Vaucluse, il me fait l’effet d’un indiscret qui vient me parler d’une femme qui me plait, et qui la loue en termes pompeux précisément des beautés qu’elle n’a pas, et à l’absence desquelles je n’avais jamais songé. Sa louange devient un pamphlet ennemi.

L’horreur que j’ai du genre hâbleur et grossier a été sur le point de me faire manquer l’admirable église de Saint-Menou, à cinq lieues de Moulins. Il y a de belles colonnes imitées du corinthien et de grandes parties romanes. Cet édifice menace ruine à cause de l’inégale poussée des arcades.

Il y a quelques parties romanes, et d’autres qui remontent peut-être jusqu’au huitième siècle, dans la magnifique église de Souvigny, plus rapprochée de Moulins, et l’une des plus curieuses de la province. Elle fut rétablie en 919 par le chevalier Aimard. Là se voient les tombeaux des ducs de Bourbon. La nef est romane, le chœur gothique : il y a quelques parties de roman fleuri.