Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/129

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Mais la faculté de vouloir manque de de plus en plus à Paris ; on ne lit pas sérieusement les bons livres : Bayle, Montesquieu, Tocqueville, etc. ; on ne lit que les fadaises modernes, et encore afin de pouvoir en parler à mesure qu’elles paraissent.

Je viens d’écrire tout ceci pour me distraire d’un violent mouvement de colère. En arrivant à Autun, il s’est trouvé que j’avais perdu toutes les clefs des coffres de ma calèche, et j’écris pendant que Joseph essaye des crochets avec un serrurier.

Comme cette opération ne finit pas, je vais raconter l’histoire d’Autun, que j’ai étudiée dans la bibliothèque de M. Ranville.

Tout le monde sait que nous sommes ici dans cette fameuse Bibracte, capitale du pays des Æduens, que Pomponius-Mela appelle les plus illustres des Celtes (ou Gaulois), et dont César parle si souvent[1]. César qui attaquait les Gaulois avec une bravoure égale à la leur et l’esprit supérieur d’une civilisation plus avancée, chercha à diviser ces peuples enfants.

  1. Cœsar, VI, XII, et passim. Pour être estimé savant en 1837, il faut croire que les Celtes, ou Gaulois, venaient de l’Asie, et avaient eux-même conquis les Gaules. Les Romains venaient de l’Inde, cela est évident, disent les Allemands,