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Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/156

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Mais, pour en revenir aux grandes divisions :

Je distingue l’Alsace et la Lorraine, pays sincères où l’on a du sérieux dans les affections, et un ardent patriotisme ; j’aime la langue allemande parlée en Alsace, quoique horrible.

Vient ensuite Paris, et le vaste cercle d’égoïsme qui l’entoure dans tous les sens, à quarante lieues de distance. À l’exception des gens de la dernière classe, on cherche à tirer parti du gouvernement quel qu’il soit ; mais s’exposer pour le défendre ou le changer passe pour souveraine duperie. Donc il n’y a rien de si différent que l’Alsace et les environs de Paris.

En continuant de s’avancer vers l’ouest, on trouve, vers Nantes, Auray, Savenay, Clisson, les Bretons, peuples du quatorzième siècle, dévoués à leur curé, et ne comptant la vie pour rien dès qu’il s’agit de venger Dieu.

Plus au nord paraît le peuple de Normandie, gens fins, rusés, ne faisant jamais de réponse directe à la question qu’on leur adresse. Cette division, si elle n’est pas la plus spirituelle de France, me semble de bien loin la plus civilisée. De Saint-Malo à Avranches, Caen et Cherbourg, ce pays est aussi celui de France qui est le plus orné d’arbres et qui a les plus