Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/206

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de dormir, le valet de chambre sourit d’un air de satisfaction intérieure, et me répond, avec toute la hauteur lyonnaise, qu’on ne tient point de telles choses à l’hôtel, et que personne n’en a jamais demandé. Tout ce luxe faux, toute cette civilisation manquant son but me serre le cœur à force de petitesse et de bêtise inoffensives. Il me semble assister à une discussion de la chambre de Hollande sur les chemins de fer ou sur les douanes.

Il est impossible qu’une ville de cent soixante-six mille âmes, comme Lyon, ne renferme pas plusieurs hommes d’un vrai mérite ; mais je ne les ai jamais rencontrés, et je leur demande pardon de tout ce qui suit.

Je suis venu cinq ou six fois à Lyon, toujours en malle-poste ; j’étais excessivement occupé d’affaires, je n’avais pas même le temps de monter au musée de la place des Terreaux.

À chaque fois j’ai été reçu, à la descente de la voiture, par M. C…, cousin de mon beau-père : c’est absolument la physionomie de Barême et de Barême mécontent, parce qu’il vient de faire une perte de 20 francs. Il fallait voir avec quelle anxiété ce cousin lyonnais se précipitait au-devant de moi, et m’ôtait la parole au moment où je disais à un homme de la