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Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/221

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trouver sept à huit bons commis. En qualité de marchand, j’ai travaillé huit heures par jour pendant la moitié de ma vie.

Il faut savoir que dans le régime actuel, qui, je pense, demande trois ou quatre cents commis pour le seul ministère de l’intérieur, un bureau est occupé par quatre ou cinq employés, la conversation ne cesse jamais, et le bureau s’abonne à un journal. Cette belle conversation empêche de travailler le malheureux qui tiendrait à expédier sa besogne, et d’ailleurs son zèle le rendrait ridicule. Deux employés travaillant comme ceux des banquiers expédieraient en six heures le travail mal fait aujourd’hui par cinq personnes.

On ne recrute pas pour les bureaux des jeunes gens suffisamment instruits : peu importe, sans doute, pour la besogne qu’ils font ; mais c’est quand ils ont de l’avancement que leur ignorance coûte cher à l’État. Chaque ministie ou directeur général amène avec lui trois ou quatre petits cousins de la femme qu’il préfère, lesquels, après dix ans, s’ils savent être bien doux, n’avoir pas de volonté, et pénétrer dans les salons influents, deviennent chefs de division. Alors apparaît leur manque total d’instruction : les MM. Boursaint (de la marine) sont rares.