Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/225

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le martyre à Lyon, au lieu où nous sommes, avec dix-neuf mille chrétiens. Le sang s’éleva sur cette montagne jusqu’au premier étage des maisons, j’en ai vu la marque.

L’église de Saint-Irenée a été si souvent renouvelée et en dernier lieu si impitoyablement badigeonnée, suivant la coutume de l’art en province, qu’elle ne dit rien à l’âme et n’offre aucun intérêt à la curiosité. Oserai-je dire que les dévots, frappés de la prononciation de ce nom, Sain-Tirené, n’entrent dans l’église qu’en se tenant le nez pour se préserver de quelque espièglerie céleste.

Enfin, je suis arrivé aux aqueducs romains, au-dessus de la porte Saint-Irenée. On voit d’abord six arcades ; il y avait l’aqueduc Pila et l’aqueduc du Mont-d’Or.

La longueur de l’aqueduc Pila était d’environ treize lieues, quoique, à vol d’oiseau, le point de réunion des eaux près de Saint-Chamond ne soit qu’à huit lieues de Lyon. La contrée depuis Saint-Chamond étant coupée par plusieurs vallées profondes, l’architecture romaine, dépourvue de tant de découvertes modernes, a eu lieu de montrer tout son génie. Maintenant, avec quelques machines à vapeur et quelques ponts suspendus, l’architecte résoudrait facilement le problème ; mais personne ne serait tenté