Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/270

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soin de dire à Brémont : Le soleil se couche ce soir à six heures vingt et une minutes. Comme Brémont a des jugements, sans une nécessité absolue il ne sort pas avant le coucher du soleil.

Brémont part pour Marseille ; Saint-Vernange quitte emploi, famille, s’il en a, et toute affaire sérieuse, pour suivre Brémont qui l’appelle son Pétrone, depuis qu’un jour Saint-Vernange s’est embrouillé en voulant citer Pétrone. Jamais ces deux êtres ne se sont dit un mot sérieux. La position de Saint-Vernange s’est faite peu à peu comme les bonnes constitutions, à mesure des besoins. Il fait faire les malles sous ses yeux par les domestiques, paye les comptes, parle aux postillons, et participe à la vie joyeuse du patron. Brémont lui dit : Pétrone, nous partons demain à une heure, après le déjeuner.

On ne dit plus un mot du départ. Le lendemain, à une heure, le déjeuner est interrompu par le fouet des postillons. Saint-Vernange dit : Ce séjour a coûté trois cent quatre-vingt-deux francs. Brémont ne l’écoute pas ; en montant en voiture, Brémont dit : À Bagnères-de-Luchon, ou à Dieppe : et l’on part.

Saint-Vernange est original et brillant dans une partie de plaisir ; il cause et a des saillies ; il conte à ravir les anecdotes