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Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/339

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MÉMOIRES D’UN TOURISTE

supports, et les ornements des bases, et les statues de Castor et de Pollux avec des chevaux, et les statues d’Hercule et de Mercure. »

Un beau jour, à dix heures du matin, on voit un grand jeune homme sortir en courant d’une des plus belles maisons de Vienne : il était en chemise et pieds nus ; le sang lui sortait des deux joues.

Heureusement il ne vint à l’idée de personne de le soupçonner d’assassinat. Voici ce que nous avons appris le lendemain. Un mari fort belliqueux avait fait mine de partir pour la chasse, dans le dessein de revenir surprendre sa femme en flagrant délit ; il avait été averti par l’autre aide de camp, rival du jeune homme. Arrivé dans les chaumes, près de la ville, le chien fait partir des cailles, et le mari malgré sa colère, ne résiste pas au plaisir de les tirer.

Il ne rentre qu’à dix heures, enragé contre lui-même, et pensant bien que la surprise serait pour une autre fois. Mais point, il trouve le jeune homme profondément endormi dans son lit, et il n’était pas seul. Le mari furieux lui porte un coup d’épée qui traverse les deux joues. Le dormeur est réveillé par le froid de l’épée qui passait sur sa langue. Une personne intéressée, qui se trouvait tout près,